Pression sur la ressource et déficit d’infrastructures à Cayar : Les acteurs proposent des  alternatives 

Les maux ne manquent pas dans le secteur de la pêche artisanale. Si pour certains acteurs, les pêcheurs eux-mêmes ont une part de responsabilités dans les contraintes actuelles de la pêche artisanale avec l’utilisation des filets dormants et autres techniques de pêche qui nuisent à la ressource, d’autres estiment que l’Etat du Sénégal  doit mieux appuyer la pêche artisanale et réduire les licences de pêche accordées aux bateaux étrangers de l’Union Européenne, pour  ralentir l’effort de pêche dans les eaux sénégalaises.

Le vice-président de l’Association ‘‘Mbalmi’’ de Cayar, Nourou Ndiaye, est catégorique. Si l’on ne diminue pas l’effort de pêche dans les eaux sénégalaises, la pêche ne sera plus qu’un vieux souvenir. D’après lui, les bateaux étrangers avec leur technologie pillent toutes les ressources halieutiques. Alors à  défaut de mettre un terme à leur présence, l’Etat doit diminuer les licences de pêche accordées à l’UE, argumente Nourou Ndiaye. En parallèle, il soutient que l’Etat doit aussi faire respecter l’interdiction des filets dormants, qui sont néfastes pour l’environnement marin et les espèces halieutiques. Pour sa part, Omar Ndoye, président  du quai de pêche N°1 de Cayar, qui bénéficie de l’agrément  de l’UE, martèle que l’activité de pêche recule d’année en année. On ne peut plus, au cours d’une semaine, réaliser des prises conséquentes de poisson à Cayar, renseigne Omar Ndoye.  Sur les causes de la rareté des ressources halieutiques, il indexe d’abord les pratiques de pêche néfastes des acteurs de la pêche artisanale, ensuite  les bateaux de pêche des pays étrangers qui ont la capacité de visualiser la ressource et de faire des prises  sans commune mesure. Ainsi, pour remettre les pendules à l’heure dans la pêche artisanale, Omar Ndoye propose un calendrier de pêche dans les eaux sénégalaises et d’aménager des périodes de repos biologiques pour permettre au poisson de se reproduire, car la pression est trop soutenue. Je peux prendre l’exemple du poulpe où les gens peuvent observer un repos biologique d’un à 2 mois pour permettre à l’espèce de bien se reproduire.  Il invite les autorités du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime à dupliquer la démarche des pêcheurs de Cayar, dans la gestion des ressources halieutiques, car dans cette localité, le dimanche, aucun acteur ne part en mer. Il ajoute en outre, que l’Etat du Sénégal doit faire respecter  les dispositions de la pêche artisanale à l’échelle nationale. Sur ce point, Modou Fall dit ‘’Baye Fall cayar’’,  qui a commencé à fréquenter la mer de Cayar depuis 1969, pense que le plus urgent, c’est de faire respecter les dispositions du Code de la pêche par tous les acteurs et de mettre un terme à la présence des bateaux étrangers. Selon lui, les filets mono-filaments et autres dormants ont causé beaucoup de dégâts dans la mer au Sénégal. 

Effectif pléthorique des pirogues & absence d’usines de glace à Cayar

 Selon Cheikh Sidaty Ndiaye, ancien pêcheur, aujourd’hui âgé  de plus de 60 ans,  l’effectif des pirogues est pléthorique,  et on peut dire qu’il y a  plus de trois mille pirogues à Cayar. Ainsi, il indique que  l’administration des pêches doit recenser toutes les pirogues et veiller au respect du Code de la pêche par tous les acteurs. Pour sa part, Abdoulaye Mar Diop,  responsable  de l’entretien & hygiène du quai N°1 de Cayar, aborde le déficit d’infrastructures pour conserver la ressource halieutique. Il informe que quatre usines de glace étaient à Cayar, et  c’est à cause de la brise de mer que les infrastructures de ces usines ont été endommagées et finalement elles ont arrêté l’activité de fabrique de glace. Chaque année, il fallait renouveler l’équipement de l’usine et finalement les choses n’étaient plus rentables, confie Abdoulaye Mar Diop. Aujourd’hui, ce sont  des camions qui viennent vendre de la glace à Cayar et quand il y a du poisson en abondance, les acteurs ont du mal à bien conserver la ressource dans les conditions requises. Sur cette situation, Ousmane Sène,  Représentant des pêcheurs de Saint-Louis à Cayar, trouve inadmissible ce déficit d’usines de glace et chambres froides dans la zone de Cayar.  L’Etat du Sénégal doit financer des projets de fabrique de glace et inciter le secteur privé à investir dans un tel créneau. Par ailleurs, Ousmane Sène pense aussi que L’Etat doit baliser la mer, et trouver des abris comme les carcasses de voiture, qui vont servir de refuge aux poissons et faciliter leur reproduction.  Se prononçant sur le  projet de pirogue en fibre de  verre, il estime que l’Etat doit réunir les acteurs concernés : les pêcheurs, les charpentiers traditionnels et les fabricants. 

El Hadji Sady Ndiaye

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